Alcyon et les Sociétés Nautiques

Alcyon, un grand champion engagé au rayonnement des Sociétés Nautiques

Alcyon, pur produit du génie du monde nautique Marseillais

Dès sa mise à l’eau en 1871 Alcyon a navigué sous les couleurs de la célèbre Société des Régates Marseillaises (SRM) dont l’influence pour l’organisation des régates et la jauge s’étendait bien au-delà de Marseille sur toute la Côte d’Azur Française et jusqu’à San Remo .

C’est cette jauge open qui était la plus simple du monde car fondée uniquement sur longueur à la flottaison, laissant toute sa  place a la créativité des chantiers et  habileté des équipages qui a permis l’essor des merveilleux Houaris inspirés par les sand baggers américains

Ces bateaux extrêmes, les premiers capables de naviguer par toutes les conditions de vent pour des régates en mer ouverte (devant des foules de parieurs spectateurs) ne devaient pas dépasser 11 m de longueur de à la flottaison pour la plus grande classe. Cette dernière a généré des voiliers de près de 27 m de longueur hors tout menés à main nues (les winches n’existaient pas à l’époque) comme le magnifique Houari « Ville de Marseille » qui a régné pendant plus de 20 ans.

Ce monde n’était pas celui « Yachting » tel que celui-ci s’est développé parallèlement principalement chez nos amis anglo-saxon. Les « Yachts »   étaient des voiliers de plus grande taille au confort raffiné pour le bien être de leur propriétaires et de leurs invités alors que ces derniers  ne naviguaient que de façon exceptionnelle sur leurs Houaris qui ne pouvaient être menés en régate que  par des professionnels.

De ce fait, sauf exception, Les associations de plaisanciers et régatiers  sur la Côte d’Azur ne se dénommaient  pas « Yacht Club » mais  « Sociétés Nautiques ». La SRM a été une des sociétés nautiques les plus prestigieuses de son temps. Elle ne dédaignait pas accueillait des yachts mais son ADN résidait dans ces classes de voiliers de régates extrêmes de 4 à 11m à la flottaison que sa jauge engendrait et dont les régate sont enchanté la côte d’Azur pendant la deuxième partie du XIX éme siècle

La prestigieuse SRM entretenait alors de beaux salons et organisait de grandes fêtes nautiques ou Alcyon était un champion incontesté dans sa classe de 6 mètres flottaison comme le rapportaient régulièrement les gazettes de l’époque. Puis la SRM s’est peu à peu désintéressée de l’organisation et du développement de régates pour devenir un club mondain.

Ce n’était pas au gout des régatiers dont les intérêts passaient au second plan. Ils ont fini par   proposer puis imposer une scission au sein de la SRM en récupérant pannes et droits d’amarrage au sein du Vieux Port et en apportant le tout à une nouvelle association ; la Société Nautique de Marseille 

Alcyon,  cofondateur de  la Société Nautique de Marseille (SNM)

Créé en 1887 la Société Nautique de Marseille (SNM) a ainsi récupéré les droits d’occupation du au sein du Vieux Port tout en indiquant ses statuts que les membres actifs devaient être propriétaires de bateaux ce qui est toujours le cas aujourd’hui. Le propriétaire d’Alcyon, Émilien Rocca a été un des fondateurs de la SNM. Dans la foulée Alcyon a gagné la première régate organisée par la SNM en 1887 ! 

La SNM « née d’un orage » selon a jolie expression de Maurice Dessemond  (un de ses  récents  présidents  historien et  visionnaire qui  a notamment conçu le pôle voiliers de tradition) à ensuite eu le  grand destin que l’on sait. Elle a offert  à ses membres sans discontinuer de droits d’amarrage dans le Vieux Port. Elle joue depuis plus de 130 ans un rôle engagé pour  développement des régates et le rayonnement des valeurs de solidarité   ce qui lui a  valu  d’être reconnue d’utilité publique après la première guerre.

Alcyon : la renaissance avec  la SNM

Édith  Martin Chave descendante directe d’Émilie Rocca est tombée dès son plus jeune âge  dans la marmite  de la SNM dont les parents avec leur fameux BRILOHA étaient de membres actifs particulièrement appréciés. Marc Frilet de son côté passionné de régates en dériveur  (il  a notamment eu l’occasion de gagner  en 470 avec son ami Daniel Rocca la SNIM  et le Vire Vire en 1969 ), fréquentait déjà régulièrement les pontons de la nautique. Mariés en 1973 ils ont eu leur premier voilier habitable en 1974 et son restés membres de la  SNM sans discontinuer s’orientant pour un temps plutôt vers les croisières en Méditerranée et n’hésitant pas à traverser l’Atlantique en 1987 à l’occasion de la course croisières transat des alizés.

Fréquentant assidûment marins et aventuriers et participants activement aux événements nautiques et aux échanges sur le développement de la voile, iIs ont naturellement apporté leurs compétences à la SNM et ont découvert le monde des voiles classiques qui émergeaient dès les années 2000 en participant aux régates sur les premiers grands voiliers classiques qu’ils ont contibué à restaurer.

La redécouverte d’une aquarelle du peintre marseillais Roux représentant Alcyon (qui comme tous les bateaux de régate de l’époque des pionniers ont disparu depuis très longtemps) a suscité des échanges passionnés en famille et au sein de la SNM sur la possibilité de construire une réplique fidèle d’ALCYON.  Le devoir de   mémoire vivante de cette époque passionnante s’est peu à peu imposé car il s’agit d’une des plus belles pages largement méconnue de l’  histoire de  l’âge d’or de Marseille. 

Edith et Marc ont décidé de tenter l’aventure de reconstruire ALCYON pour qu’il soit à nouveau un des grands ambassadeurs de la SNM au sein du pôle tradition en cours de création. Le formidable défi de la reconstruction d’ALCYON à l’identique a pu être relevé grâce à une chaîne de compétences et d’amitié exceptionnelle notamment au sein de la SNM. Le baptême de la fidèle réplique ALCYON 1871 à la SNM en 1973 a été un grand moment.

La présentation de son histoire, des folles régates  sur la Côte d’Azur  à l’époque des pionniers et du rôle des sociétés nautiques a fait l’objet de plusieurs conférences notamment à la SNM et au Yacht Club de France 

Alcyon s’étant particulièrement engagé avec quelques autres membres du pôle voiliers de tradition à être des ambassadeurs de la SNM à l’occasion de rassemblement et de régates sur la Côte d’Azur sa participation au circuit des régates classique de Marseille à San Remo à toujours  été très assidue .

En dépit d’une jauge actuelle qui aboutit à  résultats en régate totalement inadapté pour le premier voilier reconstruit de l’époque pionnier, ALCYON reconnaissable entre mille au sein de la flotte, a largement gagné ses lettres de noblesse. Il faut saluer son équipage de passionnés qui a réussi de véritables exploits pour ce pour ce voilier de 9 m de longueur de coque à la voilure démesurée qui est mené comme autrefois à mains nues et sans winches.  En fait ALCYON possède une carène et un gréement conçus de façon très homogène engendrant des qualités nautiques et sensations exceptionnelles que ne possède aucun autre bateau. La preuve en est que si les régates se couraient selon la jauge de l’époque (longueur à la flottaison) ALCYON aurait comme par le passé gagné de nombreuses régates.

La presse régionale nationale et même internationale ainsi que les télévisions ne s’y sont pas trompées. ALCYON le petit lutin parmi la flotte des voiliers   de tradition a eu probablement depuis sa mise à l’eau la plus grande couverture médiatique de tous les voiliers de la flotte.

Au-delà de ces résultats ses géniteurs ont continué à participer activement au rayonnement de la SNM ; Ils ont notamment en participé au comité directeur et à la commission éthique et prospective. Cette dernière propose de développer le pôle voiliers de tradition en organisant un vrai musée des voiliers de régate classique à flot (le  MUCEM de la mer). Le public pourrait notamment mieux découvrir alors dans un cadre structuré le seul témoin vivant à ce jour de ces extraordinaires voiliers de régate qui ont fait la renommée de Marseille au XIX éme siècle.